Pourquoi les accommodements pour les examens sont-ils tellement difficiles à obtenir?
Pourquoi les accommodements pour les examens sont-ils tellement difficiles à obtenir?

Malgré ce que le Globe and Mail aimerait vous fairecroire, les trois dernières années ont eu des répercussions graves sur notresanté mentale et sur notre bien-être collectifs. Et bien que les mesures desoutien en santé mentale aient augmenté, l’accès n’a pas tenu le rythme ni n’estéquitable. Une étude récente menée au Canada et aux États-Unis montre que quatreétudiantes et étudiants sur dix signalent avoir une mauvaise santé mentale, les femmes, lesétudiantes et étudiants non binaires et intergenres étant plus susceptibles desouffrir de stress, d'anxiété et d'épuisement. Bien que le gouvernement fédéralait promis d’affecter 500 millions de dollars aux services de santé mentalepour les étudiantes et étudiants de niveau postsecondaire, le budget2023 n’a pas été à la hauteur. Dans l'ensemble, la situation a été pénible.  Et il n'y a pas de période de l'année plusstressante pour les étudiantes et étudiants que la période des examens.

Le stress est cumulatif. Alors que les pressions exercées sur lesétudiantes et étudiants augmentent tout au long du trimestre, la période desexamens représente une grande partie de ce poids. Les problèmes de santémentale sont exacerbés, ce qui met de nombreuses personnes en état de crise. Deplus, celles qui sont déjà structurellement exclues se heurtent à des obstaclesplus importants pour obtenir des ressources et du soutien, à l’instar de toutautre problème auquel font face les étudiantes et étudiants. Bien que certainsaccommodements soient déjà mis en place pour atténuer le stress, ils restentextrêmement difficiles d'accès.  Cela estparticulièrement vrai pour les étudiantes et étudiants en situation dehandicap, neuroatypiques ou souffrant de problèmes de santé mentale.

Si la pandémie de COVID‑19 a eu des répercussions négatives sur la santémentale des étudiantes et étudiants, elle a aussi créé l'occasion de faire leschoses différemment. Les méthodes d'apprentissage à distance et hybrides ontrendu l'enseignement postsecondaire plus accessible que jamais – une initiativeque le mouvement pour la justice des personnes en situation de handicap défenddepuis des années, et continue de défendre sans relâche. Cela s'est égalementproduit alors que de nombreuses personnes commençaient à souffrir d'une affectionpost-COVID‑19, une condition qui rend souvent difficiles l'apprentissage etl'évaluation traditionnels en salle de cours. Le besoin d’autres modes d’apprentissageétait (et demeure) pressant!

Mais les restrictions concernant la COVID‑19 ayant été levées au coursde l'année écoulée, nous avons pratiquement perdu ces progrès incroyables. « Jecrois que beaucoup d’étudiantes et d’étudiants en situation de handicap pendantla COVID ont réellement bénéficié du modèle en ligne et hybride que toutes lesécoles ont dû adopter », adéclaré Brittany Hannah, une défenseur des personnes en situation de handicapqui étudie à l’Université de Guelph. Il s'agit d'un recul considérable, dontles effets seront encore plus marqués durant la période des examens. Lesétudiantes et étudiants, qui sont déjà surchargés, en proie à l'exclusion, et ayantpeu de pouvoir, doivent une fois de plus assumer la responsabilité de défendreleurs intérêts afin d'être sur un pied d'égalité avec leurs camarades.

Cela dit, comment fonctionnent ces accommodements? Bien que le Codedes droits de la personne stipule que tous lesétudiants et étudiantes ont droit à une éducation accessible sansdiscrimination, une grande partie de la logistique est laissée à la discrétiondes chargées et chargés de cours, plutôt que de l'établissement même. Plusieursaccommodements étant considérés comme « supplémentaires » (tels queles aide-mémoire, les calculatrices pour les examens, ou l'enregistrement descours), les chargées et chargés de cours peuvent tout simplement refuser. Lesétudiantes et étudiants ont donc peu d’options. Une composanteintersectionnelle est intrinsèque à ce processus même, car les professeures etprofesseurs contractuels et les assistantes et assistants à l'enseignement dupays – qui continuent d'être mal rémunérés et surchargés de travail – doivent assumerla responsabilité de créer des environnements d'apprentissage accessiblesplutôt que d'investir dans des politiques et dans des mesures de soutien àl'échelle du campus. « Les accommodements ne devraient pas être du ressortdes professeures et professeurs individuels; l'accessibilité devrait êtreintégrée dans l'université dès le départ », a déclaré KinneryChaparrel, fondatrice de la communauté des personnes en situation de handicap del'Université de Guelph.

De nombreux collèges et universités ont des programmes particuliersdestinés aux étudiantes et étudiants en situation de handicap ou souffrant deproblèmes de santé mentale. Ces bureaux fournissent du soutien et aident lesétudiantes et étudiants à obtenir des accommodements lorsque c’est possible. Cependant,un obstaclesupplémentaire est la charge que représente l'obtention des preuves dont lesétudiantes et étudiants ont besoin pour accéder à ces ressources. La demanded’accommodements est à la fois onéreuse et dispendieuse. Elle exige souvent desréférences, un certificat médical, et des évaluations d’apprentissage — ce quipeut atteindre des milliers de dollars. Pour les étudiantes et étudiants issusde milieux à faible revenu ou pour ceux qui ont besoin d’une aide immédiate, celan’est tout simplement pas une option viable. Beaucoup abandonnent.

Les accommodements pédagogiques et l'accessibilité sur les campus engénéral sont une question systémique. Le problème est que les établissements detoutes les régions du pays ne les traitent tout simplement pas comme tels. Àchaque échelon, l’accessibilité est individualisée — il relève de l’étudianteou de l’étudiant de se charger du travail de défense de ses intérêts, auxbureaux d'aide aux personnes en situation de handicap de déterminer si leursdocuments leur donnent droit à une assistance, et à la chargée ou au chargé decours de décider s'il est disposé à mettre en œuvre des accommodements. Les personnesdont les identités sont croisées et qui sont déjà aux prises avec des obstaclesont encore plus de difficulté à se retrouver dans ce système.

Même si la pressionpublique aide souvent à pousser les établissements dans la bonne voie, bonnombre des initiatives qui en résultent semblent superficielles etperformatives. Ashton Forrest, qui fait des études supérieures à l’UniversitéWestern, a consacré des années à défendre les intérêts des étudiantes etétudiants en situation de handicap et à travailler avec l’université pour que celle-cileur soit plus accessible. Malgré son travail acharné, l'administrationn'a toujours pas apporté de changements importants: «Il y ades fonds, mais c'est l'université qui choisit où donner la priorité pour cesfonds. Et c'est un peu frustrant pour les étudiantes et étudiants en situationde handicap, car nous payons tous des frais de scolarité.» Pourprogresser réellement, les collèges et universités doivent reconnaître quel'éducation n'est pas un privilège, mais un droit. Car le stress des examensest déjà assez difficile à supporter.

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