La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants–Ontario, qui représente 530 000 étudiantes et étudiants partout dans la payées, appuie sans équivoque la déclaration de réconciliation N’Swakamok pour une voie trilatérale égale et véridique vers la restauration de l’Université à Sudbury du Comité triculturel pour l’éducation universitaire à Sudbury. Nous soutenons les demandes d’universités autochtone, franco-ontarienne et anglophone indépendantes mais coopérantes, dans le cadre d’un partenariat d’égal à égal, qui répondent aux besoins des communautés du Nord de l’Ontario.
Les compressions à l’Université Laurentienne ont été extrêmement préjudiciables aux étudiantes et étudiants, aux membres du corps professoral, aux travailleuses et travailleurs sur le campus ainsi qu’à la communauté. Au début de 2021, l’Université a entamé des procédures d’insolvabilité en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (la LACC) et le gouvernement Ford en était au courant. Cet événement marquait la première fois que ce processus destiné aux sociétés privées était utilisé par un établissement public d’enseignement postsecondaire. Sous le couvert de la LACC, l’Université Laurentienne a été en mesure de supprimer 69 programmes, de licencier 200 membres du corps professoral et du personnel et de faire fi de conventions collectives, ce qui a eu des effets dévastateurs sur la vie culturelle, économique et étudiante du Nord de l’Ontario.
Des programmes autochtones, francophones et anglophones d’arts et lettres et de sciences humaines ont été touchés de manière disproportionnée par ces compressions dévastatrices. Au total, 27 des 65 programmes francophones ont été supprimés, notamment ceux de théâtre, d’histoire, d’économie, de géographie et de sciences politiques. Le deuxième plus ancien programme d’études autochtones a été supprimé. Du côté anglophone, 38 programmes d’arts et de sciences ont également été supprimés, dont ceux de philosophie, d’études environnementales, de mathématiques et de physique. Les communautés artistiques franco-ontariennes, autochtones et anglophones qui se croisent à Sudbury ont été jugées non rentables et pas assez utiles pour être conservées. Au lieu de préserver ces programmes importants, l’Université Laurentienne a décidé de se concentrer sur les programmes des STIM et les programmes professionnels – ce qui indique le parti pris flagrant de l’Université Laurentienne contre des intervenants clés de la communauté éducative du Nord de l’Ontario.
Ce changement est conforme à la transition du secteur postsecondaire de l’Ontario vers un modèle éducatif néolibéral. Avec l’avènement du financement fondé sur le rendement, le gouvernement provincial encourage les établissements d’enseignement à considérer les profits plutôt que l’intégrité de l’éducation, sans égard aux communautés qui pourraient être lésées dans le processus. Pour répondre à ce changement inquiétant, le Comité triculturel pour l’éducation universitaire à Sudbury a proposé la création de trois universités – autochtone, franco-ontarienne et anglophone – à la fois indépendantes et coopérantes.
Ces établissements indépendants garantiront que les besoins de chaque communauté particulière sont satisfaits sans compromettre les besoins des autres communautés. Ces nouvelles universités défendront l’importance des arts et du développement culturel tout en maintenant le soutien aux STIM et au développement professionnel. De même, des fonds pourront être alloués en fonction des priorités de chaque communauté, plutôt que d’être répartis selon les besoins et les intérêts de plusieurs communautés. Plus important encore, l’approche trilatérale donnera aux étudiantes et étudiants la possibilité de vivre et d’apprendre dans leur propre langue et leur propre culture et de les reproduire dans un établissement qui sert leur communauté. De cette façon, les universités peuvent rester des lieux d’appartenance, d’exploration et de croissance, plutôt que de devenir uniquement des moyens pour les étudiantes et étudiants d’obtenir une certification qu’ils pourront ajouter à leur CV.
La Fédération se joint à l’appel du Comité triculturel pour que ces trois universités indépendantes mais coopérantes soient financées publiquement par les gouvernements fédéral et provincial. La Fédération soutient que le processus entamé en vertu de la LACC peut être immédiatement freiné et qu’il est possible de transférer le leadership et le financement des programmes d’études autochtones et francophones à de nouveaux établissements autonomes. Ces appels proviennent de communautés du Nord de l’Ontario. Il est temps que l’Université Laurentienne et le gouvernement provincial travaillent pour et avec ces communautés afin de rétablir l’éducation postsecondaire de qualité dont le Nord de l’Ontario a besoin.
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