La fierté, un sentiment d’honneur, de respect et d’appréciation de soi. Un sentiment de valeur personnelle et l'expression active du soi. Voilà la signification de la fierté. Pour la communauté BSLGBTQ+, le concept d’auto-expression est une réalité pour laquelle un grand nombre de gens ont lutté avec acharnement. Des années de lutte et de sacrifices ont suivi pour que les personnes de cette communauté puissent vivre à l’aise aujourd’hui. Toutefois, il est important de reconnaître que la société et la culture peuvent toujours présenter des obstacles pour certaines personnes BSLGBTQ+ et pour leur capacité à s’exprimer. La fierté peut avoir différentes significations pour beaucoup de gens au sein de la communauté, mais lorsqu’il s’agit de discuter de la façon dont la fierté peut toucher les gens de façon particulière, il est tout à fait approprié pour moi de parler de mes propres expériences plutôt que d'assumer celles des autres.
La fierté peut parfois s’avérer complexe et difficile. À l’intérieur de ma propre identité intersectionnelle, je fais face à une telle multitude d’obstacles créés par la société et par la culture qui m’entoure qu’il me faut vraiment travailler dur pour les abattre et me sentir fier de mon intersectionnalité. En tant que musulman queer, je subissais les pressions de comprendre l’homosexualité dans le cadre de l’islam afin de me sentir validé dans l’une ou l’autre identité. J’ai grandi en méprisant ces deux aspects de mon identité plutôt que d'apprendre à les accepter alors que je saisissais ce qu'ils étaient. C’était en grande partie dû au fait que la réalité de mon éducation n'était pas seulement la culture islamique qui m'entourait, mais aussi la société dans laquelle j'ai grandi. Il n’y avait pas beaucoup de représentation (et il n’y en a toujours pas) des musulmanes et musulmans queers et ce n’est que lorsque j’ai commencé à fréquenter l’université et à élargir mes réseaux de médias sociaux que j’ai pu commencer à voir les personnes musulmanes queers autour de moi. Si j’ai tiré un certain réconfort du fait que je n'étais pas seul dans mon cheminement vers la compréhension de mon identité, j’ai également constaté qu'il y avait un réel fossé dans la représentation des musulmanes et musulmans queers au sein de la société. Plus je faisais des recherches et plus je me familiarisais avec certains aspects de mon identité, plus je commençais à me sentir responsable d'offrir une certaine représentation aux personnes qui se trouvent dans des situations semblables et qui ne bénéficient pas de la représentation à laquelle j'aspirais quand j'étais plus jeune. J’ai adhéré à des mouvements de justice sociale et à des associations étudiantes progressistes, et j’ai siégé aux conseils qui plaidaient pour un mouvement sociétal queer plus vaste. Ces associations m’ont donné non seulement l’occasion d’en apprendre sur moi-même, mais d’en apprendre sur les autres et de voir que parfois, même en ayant des identités distinctes, nous pouvons vivre des expériences semblables.
En ce qui concerne la fierté des personnes BSLGBTQ+, la reconnaissance est de mise, mais ce sont ces expériences qui peuvent montrer qu'il y a toujours beaucoup à faire. Non seulement il est important de reconnaître les problèmes intersectionnels au sein de la communauté BSLGBTQ+, mais il existe de nombreux autres secteurs problèmes au sein de notre société. Par exemple, les politiques canadiennes en matière de don de sang sont discriminatoires envers les membres de la communauté BSLGBTQ+, en particulier envers les hommes et envers les femmes transgenres n’ayant pas subi d'opération d'affirmation de leur sexe, qui ont des relations sexuelles avec des hommes. Ils ne peuvent pas donner de sang pendant une période déterminée. Ces politiques s’appliquent également au plasma, dont l'utilité a été démontrée récemment dans le cadre des traitements de la COVID‑19. Il a déjà été prouvé que ces politiques sont inutiles et alimentées par des stigmatismes. À la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, une campagne permanente soutient les efforts visant à faire opposition à ces politiques discriminatoires, c’est la campagne Mettons fin à l’interdiction de donner du sang. Axée sur l’éducation et la défense, elle entend mettre fin à ces politiques discriminatoires qui touchent non seulement les personnes BSLGBTQ+, mais aussi celles qui ont besoin de dons de sang et de plasma. Unifor et une campagne sous le nom de Tous Le Même Sang font la promotion de pétitions en vue d’aider à lutter contre cette pratique discriminatoire. La lutte n’est pas limitée à des politiques de don de sang, il est donc essentiel pour les gens de se renseigner sur la façon de combattre la discrimination à l’égard des personnes BSLGBTQ+.
Vous trouverez ci-dessous quelques liens qui vous donneront plus d’information sur cette campagne et d’autres renseignements connexes.
- Mettons fin à l’interdiction de donner du sang – Fédération canadienne des étudiantes et étudiants
https://cfs-fcee.ca/fr/campaigns/end-the-ban/
- Tous Le Même Sang – campagne de Toronto :
https://allbloodisequal.ca/francais
- Lever l’interdiction de don de sang – pétition d’Unifor
https://www.unifor.org/fr/passer-a-laction/compagnes/lever-linterdiction-de-don-de-sang
En solidarité,
Association modulaire nationale des personnes queers de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants
Ahmed Abdallah (il/lui/se)
Représentant de l’association modulaire des personnes bispirituelles et queers
2spiritqueer@cfs-fcee.ca
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